Pour terrifiante qu’elle soit, la crise du coronavirus peut avoir malgré tout des aspects positifs. Pas question, bien entendu, de s’en frotter les mains, mais il est parfois possible de se dire qu’à quelque chose malheur est bon. Il en va ainsi d’Eline Rol, la rameuse de la Société Nautique de Genève: si les Jeux Olympiques de Toyko avaient eu lieu cette année, une qualification eût été difficile à obtenir pour elle. Avec un report en 2021, ses chances se font plus nettes.

Elle ne pratique l’aviron que depuis six ans à peine, mais a enfilé des bottes de sept lieues et amassé les distinctions: la rameuse de Vessy, qui fêtera ses 21 ans en octobre, a décroché en 2017 une médaille de bronze mondiale en 4 de couple juniors et en 2018 un titre européen U23 en skiff poids légers, qu’elle a conservé l’an dernier en Grèce. « C’était pourtant un gros challenge, avec une concurrence relevée: la championne du monde en titre était là », relève Eline, membre du Team Genève.

Quelques semaines plus tôt, fin juillet, elle avait mis à son actif, en toute simplicité, un titre mondial U23 en double scull poids légers, enlevé en Floride aux côtés de l’Hermançoise Sofia Maekin! « C’était un objectif depuis le début de l’année, on s’était entraînées dur pour ça. Il fallait atteindre la vitesse nécessaire pour gagner », rappelle l’éclectique rameuse de Vessy, dont les succès lui ont valu d’intégrer le projet olympique de la Fédération suisse à Sarnen, avec trois entraînements quotidiens au lieu d’un…

La crise sanitaire a toutefois mis un coup d’arrêt à cette évolution, la championne se retrouvant contrainte à se confiner: « Mon frère était malade, j’ai passé deux mois dans un chalet à la montagne », explique celle qui a mis entre parenthèses, pour une année, ses études d’architecture à l’EPFL. Si Sofia Maekin s’est donnée à fond de son côté, accumulant les records du monde à l’ergomètre, Eline l’a joué plus cool: « J’ai fait un peu d’ergomètre, 1-2 séance(s) d’entraînement par jour, mais j’ai surtout profité de ce répit pour reprendre un nouveau souffle », dit-elle.

Positive, la Genevoise voit un avantage dans la situation que le Covid-19 lui a imposée: « Le report des Jeux d’une année nous permet à Sofia et moi d’avoir plus de chances d’y prendre part. Pour cette année, nous n’étions pas encore prêtes. Avec un an de plus, tout peut arriver », précise-t-elle. Elle sont quatre à se disputer deux tickets olympiques, dont la Pulliérane Frédérique Rol, sa cousine! Une dure bataille s’annonce, étant entendu qu’il ne s’agit plus ici de compétitions espoirs, mais bien de rivaliser avec l’élite.

Dans cette optique, afin de s’aguerrir, Eline Rol (1,73 m/57 kg) et Sofia Maekin pourraient s’aligner début septembre en « lourds », non en poids légers, aux championnats d’Europe M23 de Duisbourg. Rien n’était cependant encore décidé au moment d’écrire ces lignes. « Ce serait une bonne opportunité d’affronter des adversaires avec le niveau élite, en vue des JO. Un passage intéressant, avec l’objectif de faire quelque chose de bien », confie la rameuse. Qui sait jouer gros ces prochains mois: les poids légers pourraient être supprimés du programme olympique pour Paris 2024…

 http://www.teamgeneve.ch/team/le-team/eline-rol/

Philippe Roch

  Photos © aimablement fournies par Eline Roi