A l’instar de tous les sportifs, Michelle Heimberg (20 ans depuis le 2 juin), la plongeuse de Genève-Natation, a vécu des semaines compliquées, avec deux mois ce printemps sans voir le moindre tremplin. Confinée chez elle à Fislisbach, l’Argovienne a retrouvé les piscines depuis le 11 mai. « Je me suis entraînée à la maison durant ces huit semaines, j’ai fait du physique, de l’endurance. Pas facile bien sûr dans ces conditions de garder la motivation », explique-t-elle. Surtout que les Jeux de Tokyo, son objectif, ont été repoussés à 2021…

« Je prends les choses du bon côté et je suis finalement assez contenter de ce report: cela me laisse plus de temps pour travailler. Bien sûr, là encore, s’entraîner sans compétition cette année n’est pas l’idéal pour se motiver, mais c’est la même chose pour tout le monde. Et nous serons toutes sur un pied d’égalité l’an prochain », explique l’élève de Christiane Favia, qui devra toutefois encore obtenir son billet olympique en février 2021, lors d’une épreuve de Coupe du monde dans la capitale japonaise. Elle a toutefois de sérieuses chances de le décrocher.

Les Jeux, Michelle Heimberg – qui devait obtenir sa maturité en février, échéance repoussée en août – en rêve depuis qu’elle a débuté le plongeon, en 2012. Des problèmes aux genoux l’avaient alors obligée à mettre un terme à sa carrière de gymnaste… Le plongeon ménageait ses articulations, plus que le tennis, le VTT ou l’athlétisme. Douée, elle obtiendra une médaille d’argent par équipes aux championnats d’Europe juniors après dix-huit mois de pratique!  Elle décrochera ensuite de nombreuses autres breloques continentales chez les jeunes, dont le titre en synchro en 2016.

Depuis cette même année, elle s’entraîne à Genève (du lundi au jeudi), couvée par Christiane Favia, afin de pouvoir bénéficier d’un tremplin de 3 m, tout en allant à l’école à Zurich les vendredis et samedis! Les succès continueront à s’accumuler en élite, avec de l’argent individuel aux 3 m et du bronze en synchro avec Jonathan Suchow en 2018 aux championnats d’Europe. Une quatrième place à 1 m aux mondiaux juniors en 2018 atteste également du potentiel de celle qui faite partie du Team Genève et aime à mettre en exergue une phrase de Nelson Mandela, « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ».

« Michelle a pris avec détachement la situation due au Covid-19 et s’est vite réorganisée. Elle est parvenue à se maintenir en excellente condition physique. Elle est motivée comme jamais », souligne son entraîneur, qui estime que sa plongeuse a « certainement vécu comme un soulagement » le report des Jeux, mener de front sa maturité et la préparation de l’épreuve de qualification olympique agendée en avril constituant un gros défi. « Elle y serait parvenue, je n’en doute pas, mais cela aurait été stressant », estime Christiane Favia.

La responsable du plongeon à Genève-Natation ne cache pas un certain agacement devant les horaires difficiles imposés aux plongeurs depuis la reprise des entraînements (7h-9h et 20h-22h) et les problèmes posés par le matériel à disposition : « Tant à Varembé qu’aux Vernets, la structure sur laquelle repose la planche des 3 m n’est pas adaptée et, faute de pouvoir régler correctement le tremplin, nous ne pouvons pas exécuter les figures les plus difficiles », regrette-t-elle. Pas évident dans ces conditions, on en conviendra, de se préparer pour le plus haut niveau…

 www.michelle-heimberg.ch

Philippe Roch

  Photos © courtoisie de Michelle Heimberg