L’aviron, Valentin Huehn, le jeune rameur genevois (20 ans depuis avril), n’en a pas rêvé enfant. Fou de sport (« Je bouge tout le temps… »), il a empoigné les rames à 13 ans après avoir subi… une double fracture du poignet: « Je voulais continuer à pratiquer un sport, mais j’avais une broche et je ne pouvais pas prendre le risque de tomber sur mon articulation. Il me fallait donc une activité sans aucun contact. Un ami pratiquait l’aviron, j’ai fait un camp d’initiation d’une semaine et cela m’a plu », explique le jeune homme de Chêne-Bougeries, désormais établi à Veigy-Foncenex, en Haute-Savoie.

Inscrit au Club d’Aviron Vésenaz, Valentin Huehn démontre vite des aptitudes, sous l’égide de Stéphane Weiss puis de Christian Chavannes et ensuite du duo Nicolas Coassin/Christian Georghiu, même si l’ergomètre, outil essentiel qui permet de ramer « à sec » en hiver, n’est vraiment pas son truc… « Heureusement, j’ai eu des coachs ouverts d’esprit, qui ont eu la « folie » de me sélectionner malgré cela », souligne Valentin. A juste titre: après avoir pris part en 2016 à la Coupe de la Jeunesse en quatre de couple, le Genevois se pare en 2017, avec trois coéquipiers alémaniques (Linus Copes, Andrin Gulich et Dominic Gondrau), du titre mondial et de la couronne continentale U19!

« Des résultats qui ont constitué une grosse surprise pour nous », souligne Valentin Huehn.  Le Romand se voit toutefois débarqué du quatre (« D’autres étaient plus forts… ») et contraint de souquer seul à bord, en skiff donc, en 2018, année de son entrée dans le Team Genève (« Une grande étape dans ma carrière sportive. Cela m’apporte appui financier et visibilité »). Ce qui n’a pas vraiment eu l’heur de le satisfaire: « Je n’affectionne pas trop le skiff, le fait d’être seul sur le bateau. Cela a été une année un peu difficile », confie celui qui a terminé 14e des championnats du monde U23. A 19 ans donc. Cela lui vaudra la Rame d’or de la Fédération suisse.

Sous les drapeaux de fin octobre 2018 à la mi-mars 2019 (« J’ai fait une école de recrues pour sportifs, j’ai pu m’entraîner quand même »), Valentin est passé cette année en double scull, en retrouvant Dominic Gondrau. Avec deux 3es places aux régates de Wedau en mai, en catégorie Elite, comme première performance notable. Les championnats du monde U23 étaient agendés fin juillet à Sarasota, après la rédaction de cette Newsletter. « Faire une finale A en Floride serait extraordinaire », estimait le rameur genevois, qui prendra peut-être part en septembre aux championnats d’Europe.

« Dominic ne sera pas en Grèce pour différentes raisons, je ne sais donc pas si je pourrai m’aligner là-bas et sur quel bateau « : au moment de rédiger ces lignes, Valentin Huehn était encore dans le flou… Le Genevois s’entraîne désormais à Sarnen, le centre national d’aviron, avec l’Australien Marty Aitken, qui fut le coach du champion olympique Xeno Müller: « J’y suis en principe du mardi au dimanche soir », souligne celui qui rêve de pouvoir prendre part aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.

Sur le plan personnel, le Genevois ambitionnait de se lancer dans des études de médecine à Fribourg, mais son séjour à l’armée l’a empêché de préparer les examens d’entrée dans les meilleures conditions. Il a donc choisi de tâter de la psychologie, en espérant pouvoir aller l’an prochain aux Etats-Unis, mais il lui faudra pour cela réussir un examen en octobre. Même si ses performances en aviron seront également pour beaucoup dans son éventuelle acceptation…

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Philippe Roch

photos © Team Genève