Déborah Chiarello, à la vitesse de l’éclair
Le ski-alpinisme est entré relativement tard dans sa vie, à 19 ans « seulement ». Quatre ans plus tard, Déborah Chiarello présente pourtant déjà un palmarès des plus enviables, avec notamment un troisième titre de championne de Suisse de sprint fêté début janvier! La Genevoise, établie près de Loèche-les-Bains, à Guttet-Feschel (« C’est le village d’origine de ma maman »), a très vite fait la preuve d’aptitudes remarquables pour cette discipline. Qu’on en juge…
Sur des skis dès l’âge de 3 ans, « Débi » a pratiqué la peau de phoque et la course à pied (qu’elle n’a pas abandonnée) avant de ressentir l’appel du ski alpinisme: « Fin 2014, j’ai été inscrite dans un groupe d’entraînement par l’un des entraîneurs de mon club, ancienne championne de la discipline », explique-t-elle. L’attirance a été immédiate. « J’ai été fascinée par ce sport qui permet d’allier les attraits du ski et de la course à pied, le fun et l’endurance », ajoute celle qui fait désormais partie du Team Genève.
Déborah enfile alors des bottes de sept lieues, terminant 10e des mondiaux juniors de sprint en 2015 déjà, à Verbier! Cinquième de la Coupe du Monde U23 en 2016, elle décroche en 2017 son premier titre national de sprint et s’adjuge le Trophée du Muveran. « C’est vrai que j’ai très vite progressé. J’avais de bonnes bases physiques et puis, dans ce sport, il est assez facile de grimper dans la hiérarchie, le niveau derrière l’élite tombe assez vite », dit-elle avec modestie.
L’affirmation de la jeune femme se poursuit en 2018, avec une retentissante victoire à la Patrouille des Glaciers, sur le petit parcours (32 km) Arolla-Verbier, avec ses partenaires Marianne Fatton et Florence Buchs, record du parcours à la clé! Deuxième titre national en sprint, suivi donc en 2019 du troisième, à Rothwald, du côté du Simplon. Cap désormais, en cette première année chez les élites, sur les championnats du monde de Villars-sur-Ollon (9-16 mars), pour lesquels Deborah va tenter de se qualifier: « Des mondiaux à domicile, c’est évidemment la priorité de la saison ».
Il est sans doute temps de précisera que si les épreuves sur distance classique consistent en enchaînement de montées de 1300 à 1500 m de dénivelé (1h30/2h de course) pour les dames, le sprint se résume à un effort de 5′ environ, sur un parcours de 100 à 150 m de dénivelé. « Physiologiquement, mon corps est prédisposé à ces efforts brefs, c’est plus mon truc que long, qui exige une autre mentalité. Mais pas question de me spécialiser sur le sprint », précise Déborah, également 3e sur la longue distance aux derniers nationaux.
L’été, la Genevoise s’adonne au trail (victoires l’an dernier aux Dents-du-Midi, à l’Eiger Ultra Trail et au Val di Fiemme), histoire sans doute de ne pas se rouiller… L’emploi du temps est donc chargé pour celle qui s’entraîne dans le Haut-Valais et à Grindelwald, où habite son ami, ainsi qu’à Genève et dans le Jura en été. Tout en poursuivant des études en sciences du sport à l’Université de Fribourg: « J’arrive au bout du Bachelor, mais je vais poursuivre pour obtenir un Master », confie Deborah, qui a la chance de pouvoir compter sur un entraîneur personnel.
« Chantal Daucourt, ancienne championne d’Europe de VTT, m’accompagne depuis que je suis entrée dans le cadre régional Ouest en 2015 à Bulle. Elle est restée à mes côtés lorsque je suis arrivée en équipe nationale. Elle m’apporte de la sérénité et sa compréhension féminine, même si son jugement est sans concession », la remercie-t-elle. Un duo qui fonctionne parfaitement, ma foi…
Philippe Roch
Photos © Maurizio Torri et Gerard Berthoud