Celine van Till, le nouveau défi
Il n’est plus nécessaire sans doute de présenter Celine van Till, cette jeune femme de 27 ans victime il y a dix ans d’un terrible accident de cheval qui l’a laissée gravement blessée et dont elle conserve de lourdes séquelles. On connaît le chemin accompli, avec l’aide de sa maman, pour surmonter son handicap, gagner son autonomie et vivre « normalement ». Un parcours de vie exemplaire de volonté qui lui a valu de recevoir récemment des mains de Sami Kanaan la médaille « Genève reconnaissante »…
Reste toutefois à conter le nouveau défi que s’est lancé Celine en début d’année en décidant d’abandonner sa carrière hippique, qui lui a valu une participation en dressage aux Paralympics de Rio en 2016, pour l’athlétisme. Avec en point de mire Tokyo 2020… La conférencière, qui avait commencé à courir à son retour du Brésil et pris part l’an dernier aux 20 km de Genève, décide de s’aligner sur 400 m, le sprint seul étant ouvert aux Paralympics avec les handicaps qui sont les siens. Versée en fin de compte en catégorie T36, elle devra finalement opter pour le 100 et le 200 m.
Il ne faut guère de temps pour comprendre qu’entraîner le garçon est un bonheur, tant sportivement qu’humainement, pour ceux qui en sont chargés. Christiane Favia évoque volontiers « la riche complicité » qui la lie avec son plongeur: « Je n’ai jamais eu autant de retours avec un élève ». Scott Donie, son entraîneur à Columbia, n’est pas moins élogieux: « Je suis tellement impressionné! Jon élève le niveau de mon coaching (réalisé en étroite collaboration avec Chris), tire toute l’équipe vers le haut et réalise par un jeu d’équilibre déconcertant son adaptation à son nouvel environnement, et cela dès les premières échéances », admirait-il dès novembre 2017.
T36? Un brin d’explication à ce sujet n’est sans doute pas inutile. Il s’agit d’une catégorie regroupant les sportifs concourant debout présentant un handicap moteur dû à une lésion cérébrale, des troubles de l’équilibre et de la coordination ainsi qu’une mise en action difficile. On rappellera que Celine van Till doit par ailleurs composer avec une vue gravement altérée: champ visuel réduit, vision en deux dimensions seulement et double, cette dernière affection ayant été un peu réduite par une opération (la 3e) effectuée à la fin de l’an dernier.
« Le sprint était tout nouveau pour moi. J’ai dû apprendre à courir, à coordonner mes bras et mes jambes », explique la jeune femme. Elle se lie d’abord au Stade Genève, soutenue par Jessica Barbey et Pablo Cassina. Les mots de ce dernier à son sujet sont élogieux et révélateurs: « C’est une battante qui se nourrit de défis, affamée de vie, affamée d’épreuves et de sensations, affamée de perfection, se donnant toutes les chances pour aller plus loin, malgré les barrières et limites, ne voulant pas perdre une seule seconde de ce que cette deuxième vie lui offre et lui permet, affamée de prouver que tout est possible ».
Fin mai, Celine décide d’opter pour le Lausannois Kenny Guex et se rend dès lors une fois par semaine à la Pontaise pour s’entraîner avec son groupe, où figurent Alain-Hervé Mfomkpa ou Bastien Mouthon. « Kenny est également prof de physio, cela me convient parfaitement. Il me permet d’avancer, de progresser », confie-t-elle. Elle participe à un meeting à Berlin début juillet, après cinq semaines d’entraînement, et réussit un chrono de 16″21 sur 100 m qui lui aurait permis de se qualifier pour la finale à Rio! Compte tenu de ses toutes neuves dispositions, elle n’est toutefois pas retenue pour les championnats d’Europe.
Après cette saison de « prise de contact » et un camp d’entraînement de trois semaines en novembre à Macolin, Celine choisira de prendre part à la saison indoor ou d’attendre le mois de mai pour revenir en piste. Avec bien sûr les Paralympics de Tokyo en point de mire: « Je disputerai en 2019 des épreuves en Suisse et quelques meetings à l’étranger. Avec aussi l’espoir de pouvoir me qualifier pour les mondiaux de Dubai, en novembre », précise-t-elle. On le lui souhaite de tout coeur…
Philippe Roch
Photos © bastien Lance, © racephoto et © Magali Girardin pour la remise de la médaille « Genève reconnaissante »