Deux Genevois toutes voiles dehors vers Tokyo…

   Depuis le début de l’année 2014, deux navigateurs de chez nous n’ont qu’un objectif en tête: les Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Non pour simplement participer, mais bien pour y décrocher une médaille dans la catégorie des 49ers… L’Aniérois Sébastien Schneiter (23 ans), barreur, et le Versoisien Lucien Cujean (29), équipier, réunis au sein du Team Tilt (une équipe qui offre une structure et un soutien à de jeunes navigateurs suisses), fendent les flots avec talent et une motivation sans faille.

« Le projet a été lancé alors qu’on ne se connaissait pas vraiment. Désormais, on passe presque notre vie ensemble… », raconte Sébastien, qui a choisi à 14 ans entre la voile et… le ski. Il a de qui tenir, son père, Alex, étant lui-même navigateur. Ils ont d’ailleurs gagné ensemble le Bol d’Or en 2015 sur un D35! Sébastien a bien d’autres fleurons à son palmarès, dont un titre mondial de GC32 (2018) et un titre européen en Laser 4.7 (2011), sans compter une troisième place à la Youth America’s Cup en 2017.

 

         

 

Lucien, qui a embarqué à l’âge de 6 ans déjà, partage le titre mondial de GC32 et la 3e place de la YAC avec Sébastien, lui qui a également enlevé le Tour de France à la voile (M34, amateurs) en 2012 et le titre européen des Esse 8.50 en 2011. On vous fait grâce pour l’un et l’autre des titres nationaux… Le duo, il faut le préciser, a déjà pris part aux Jeux à Rio en 2016, une sélection tardive et totalement inattendue, avec un excellent 13e rang à l’arrivée. « On n’était pas prêts à être performants à ce niveau. Nous serons plus conquérants à Tokyo », dit Cujean.

Il faut néanmoins souligner que si les deux Genevois ont assuré la présence de la Suisse au Japon en 49ers (un dériveur de 4,9 m avec une surface de voile de 20 m2, plus un spi de 37 m2) en prenant la 8e place des mondiaux d’Aarhus l’an dernier, ils ne sont pas encore assurés de voguer sur le plan d’eau d’Enoshima l’an prochain. « Nous allons y prendre part du 15 au 22 août à l’Olympic Test Event. Selon les critères de Swiss Olympic, il nous faudra terminer parmi les huit premiers pour nous qualifier pour les Jeux. C’est dans nos cordes », estime Lucien.

 

Un tel objectif nécessite un engagement total, un emploi du temps consacré de A à Z à la voile: « On navigue 250 jours par an. Si l’on ajoute les voyages, l’organisation de la logistique, l’entretien du bateau, sachant que nous faisons tout nous-mêmes, c’est du temps complet », dit Sébastien Schneiter. Qui dresse ainsi le portrait de son acolyte, dont le rôle est d’assurer la vitesse, les performances du bateau: « Il est toujours impliqué à 100 %, il faut parfois lui dire de ralentir, de se calmer… Il est toujours à fond, toujours partant ».

Les compliments ne manquent pas non plus dans la bouche de l’aîné concernant son coéquipier: « Sébastien est talentueux, ambitieux. C’est quelqu’un qui en veut toujours plus. Il est très pointu dans certains détails et, dans ses bons jours, il peut devenir un homme invisible: on va si vite que les autres ne nous voient plus… », décrit Lucien Cujean. A n’en pas douter une paire capable de vivre son rêve à Tokyo et, qui sait, de ramener une médaille pour Genève. Qui serait la première en voile depuis Louis Noverraz en 1968!

http://teamtiltsailing.ch/fr/

 

Philippe Roch

photos © Sailing Energy