Le sambo peine à se faire reconnaître à Genève…

Sambo ? Peut-être ne connaissez-vous pas ce sport, qui n’est pas issu des régions tropicales malgré son nom, mais de l’ex-URSS! Il s’agit à la fois d’un art martial et d’un sport de combat, son nom étant l’acronyme de l’expression russe samozatchita bez oroujyia, qui signifie « autodéfense à mains nues ». Il est né en 1935 et a été reconnu en 1966 par la F.I.L.A, la Fédération internationale de lutte. Il y a quelques mois seulement, la discipline a été avalisée par le CIO.

A Genève, sambo rime avec Hervé Gheldman, l’homme qui a créé la Fédération suisse de sambo en 1996. « J’ai toujours été passionné d’arts martiaux. En 1985, j’ai découvert le sambo dans un magazine spécialisé, puis j’ai rencontré le vice-champion du monde: j’ai craqué pour ce sport! ». L’homme, qui a fêté en 2018 ses 50 ans d’arts martiaux, dirige la Gheldman Sambo Academy, du côté des Eaux-Vives. Avec quelque 300 membres, c’est le cœur du sambo dans le canton.

On peut néanmoins pratiquer la discipline ailleurs à Genève: au Grand-Saconnex, à l’Ares Sambo Club de Thomas Donet, et au Lignon, dans un club très récemment créé. Il s’agit toutefois dans les deux cas de très petites structures. « Malheureusement, il est très difficile de faire prendre le sambo chez nous. On a très peu accès aux salles, il faut payer des loyers », regrette Hervé Gheldman, remonté surtout par la difficulté qu’il rencontre maintenant à organiser des compétitions.

      

« Il a fallu annuler des tournois internationaux, dont l’Open de Suisse, faute de pouvoir obtenir des visas pour les combattants étrangers venant ici. Cela fait deux ou trois ans qu’on nous refuse tout, sans nous donner aucune explication. On nous a par exemple octroyé un unique visa (pour un entraîneur !) sur les 72 demandés pour une compétition. Je ne sais plus quoi faire », déplore celui qui fut deux fois champion du monde de combat sambo, deux fois vainqueur de la Coupe du monde de sambo sportif et quatre fois vice-champion du monde (sportif) en senior et Master!

Mais il est plus que temps de préciser en quoi consiste le sambo. « C’est une discipline complète, qui a réussi à réunir toutes les formes de combat », explique Gheldman. ll s’agit donc d’une synthèse de nombreux sports comme le karaté, le judo, la boxe, la lutte, l’aïkido, la lutte gréco-romaine, la lutte mongole et bien d’autres. Il regroupe quatre techniques: frappes (poings, pieds, genoux, coudes, tête, épaules), projections (bascules, ramassages, etc), clés (toutes articulations) et étranglements.

Technique militaire de self-defense à la base (de nombreuses unités de police ou de forces spéciales l’utilisent à travers le monde), il se décline en sambo sportif, qui autorise tout (projections, clés, étranglements) à l’exception des frappes, et le sambo combat, qui permet toutes les formes de lutte et également les frappes. Dans cette dernière version, il s’agit d’un combat total, libre, avec une grande puissance dans les attaques, où l’on peut gagner par k.o., soumission, aux points ou à la limite du temps imparti.

Le sambo comporte des grades, du novichok (novice) à l’uchitel (professeur), en passant par les catégories junior, adulte, candidat, Master, International Master et Grand Master. Il peut se pratiquer en compétition (championnat de Suisse, d’Europe ou du monde) ou simplement par le biais du travail en salle.

www.sambo.ch

 

Philippe Roch