Le Bureau de la prévention des violences dans les milieux sportifs genevois est passé à l’action et montre la voie en matière d’éthique dans le sport

Il a fallu deux ans pour dresser un solide état des lieux basé sur une large revue de littérature scientifique et de la récolte de données de terrain. Un gros travail de fond mené par le sociologue Jérôme Berthoud, engagé pour un mandat de chargé de prévention de l’AGS en août 2022 (voir l’article). L’expert a ainsi pu établir une cartographie du paysage genevois et suisse en matière de prévention des violences dans le sport et des besoins. «Nous avons pu montrer que tous les sports sont touchés, à Genève comme ailleurs, sous différentes formes : violences psychologiques, physiques, sexuelles, discriminations ou non-assistance à personne en danger», souligne le chargé de prévention de l’AGS.

Le travail de celui qui occupe désormais le poste de responsable du Bureau de la prévention de l’AGS, ouvert en mai 2024, a permis de mettre en lumière trois constats principaux. «La violence psychologique est la forme de violence la plus répandue mais aussi la plus sous-estimée, notamment parce qu’une certaine forme de violence psychologique est « normalisée » dans le sport. C’est surtout la violence physique qui est médiatisée, car ce sont généralement des cas plus clairs. Ensuite, beaucoup de clubs ont envie de faire bouger les choses et tentent de mettre en place des mesures. D’ailleurs, lorsqu’on a proposé des accompagnements « Cool and Clean », nous avons reçu énormément de demandes et dû en refuser en raison du manque de ressources. Enfin, nous avons constaté une sorte de désarroi de la part des milieux sportifs qui se retrouvent avec une thématique pas forcément nouvelle, mais qui devient de plus en plus complexe et plus importante à prendre en compte, avec de fortes implications. »

En matière d’éthique dans le sport, la Suisse ne reste pas inactive, avec notamment la fondation Swiss Sport Integrity qui a vu le jour en janvier 2022 et qui a mis en place un système de signalement des manquements et abus. Avec son Bureau de la prévention, Genève est pionnier sur le plan national, cela grâce à un fort soutien de l’ensemble des collectivités publiques locales (Canton, Ville et Association des Communes Genevoises). D’autres cantons semblent vouloir s’en inspirer, comme celui voisin de Vaud, qui pourrait prochainement imiter le modèle genevois. Depuis bientôt six mois, vous avez peut-être eu l’occasion de croiser le responsable du Bureau de la prévention Jérôme Berthoud sur le terrain. Ou un membre qui compose sa dynamique équipe : Adèle Smet (psychologue) et Adriano Piccoli (travailleur social) car le trio est passé à la phase d’action.

«Adèle s’est beaucoup occupée de la campagne « Changeons la donne » visant 40% de femmes dans les comités des organisations sportives et va être également impliquée sur les formations en plus d’avoir un pourcentage sur le point contact, détaille Jérôme Berthoud. Adriano, lui, s’occupe principalement du programme « Cool and Clean » qui fait de la sensibilisation dans les clubs et les accompagne en matière de prévention (compétences psychosociales, nutrition, pression psychologique, etc,…Il a également un pourcentage de son temps de travail consacré au point contact et s’apprête à coordonner notre futur Conseil des jeunes Cool and Clean ».

Le chef d’orchestre du bureau de prévention s’occupe notamment de la gestion de l’entité, de l’administration, de la recherche de fonds et de la coordination du plan d’action sur trois ans. Pour réaliser sa mission, le Bureau de la prévention va proposer des formations cet automne. La première a lieu ce jeudi 31 octobre et inaugure le cycle de quatre soirées proposées par l’AGS à destination des dirigeantes et dirigeants du sport genevois (voir Formations AGS).

«L’idée est de prendre conscience du rôle social du club, parler des violences,  briser les tabous» et bénéficier d’outils d’action concrets, résume Jérôme Berthoud. Une deuxième formation proposée par le Bureau de la prévention de l’AGS est prévue le 29 novembre. Elle s’adresse aux entraîneures et entraîneurs et est déjà complète. « Sous l’égide de Jeunesse et Sport, il s’agit d’un module pilote en Suisse, qui sera ensuite mis en place dans les autres cantons, souligne le responsable du Bureau de la prévention. L’idée est de se baser sur des cas pratiques et sur des situations à intégrer, qui peuvent également être discutées à l’aide de la boussole éthique de Swiss Olympic qui va de plus en plus être utilisée. »

Enfin, avis aux jeunes de 14 à 18 ans habitant à Genève qui ont des idées d’actions de prévention à mettre en place dans le sport : Jérôme Berthoud et son équipe les invitent à rejoindre le futur Conseil des jeunes « Cool and Clean » (inscription auprès de Adriano Piccoli : a.piccoli@sportsge.ch)

Contact du Bureau de la prévention de l’AGS: prevention@sportsge.ch

Sylvain Bolt