L’escalade sportive est l’une des disciplines à la mode depuis plusieurs années. La pratique s’est démocratisée depuis que des salles dédiées essaiment partout dans le monde. La Suisse a suivi le pic d’intérêt mais Genève est resté au pied du mur.

«Si le mur de la Queue d’Arve est très apprécié des grimpeurs genevois, nous avions tout de même un certain retard au niveau des infrastructures dans le canton, confirme Jean-Marie Schenkel, responsable technique de GenèvEscalade, seul club d’escalade de compétition à Genève. Les cours que je donne depuis une trentaine d’années aux populaires, à la Queue-d’Arve, affichent tous complets depuis les débuts.»

L’entraîneur d’escalade fait le constat pour les cours donnés aux seniors comme pour ceux dévolus aux plus jeunes. «Je reçois de très nombreux coups de fils et je dois décliner les demandes, regrette Jean-Marie Schenkel. La Queue-d’Arve est saturée aux heures de pointe depuis dix à quinze ans déjà.»

Le mur de grimpe avec cordes du centre sportif de la Queue-d’Arve constituait jusqu’à présent la seule possibilité de pratiquer l’escalade sportive sur voie (en hauteur). Des salles de bloc (mur plus bas et tapis en dessous) existent à Versoix, Lancy et Vernier. Toutes affichent complet.

Les adeptes genevois devaient s’expatrier en France voisine, où Vitam (Saint-Julien) et Arkose (près d’Annemasse) proposent des salles attrayantes avec des voies et des blocs. Depuis avril dernier, une nouvelle halle a enfin vu le jour à Meyrin-Satigny. La plus grande salle d’escalade (4500 m2 de surface sur plusieurs niveaux, 16 mètres de hauteur, 400 voies et blocs et 35’000 prises) de Suisse romande se trouve désormais à Genève.

«Cette halle nous permet d’avoir un lieu d’entraînement digne de ce nom et de bénéficier d’une véritable salle d’escalade, se réjouit Jean-Marie Schenkel. Sa grande superficie va rendre le sport encore plus accessible.»

GenèvEscalade (GESK) est en effet un centre régional  d’entraînement. Il n’existe pas de club pour pratiquer l’escalade sans compétition à Genève. Une trentaine de membres de trois groupes d’âge prennent part à des compétitions de niveau national et sont encadrés par cinq coaches au sein du GESK. «Avec la salle de Meyrin-Satigny, nous allons pouvoir proposer aussi un groupe moins élitiste pour des jeunes qui ne font pas partie des cadres régionaux», s’enthousiasme Jean-Marie Schenkel. Des cours d’initiation et de perfectionnement sont également proposés aux amateurs par la salle elle-même.

Créé en 1996, GenèvEscalade vient de recevoir le label de centre cantonal de la relève (le onzième de ce type à Genève). Le club de compétition y voit là une manière de pousser vers les sommets ses jeunes grimpeurs et grimpeuses. Cinq athlètes font depuis janvier partie de ce centre. «Nous bénéficions de moyens supplémentaires et pouvons désormais compter sur un entraîneur salarié du centre», précise Jean-Marie Schenkel.

Les perspectives d’avenir sont réjouissantes : la Ville de Genève vient de voter la construction du Centre sportif de la gare des Eaux-Vives, qui abritera également une nouvelle salle d’escalade. Les jeunes athlètes de GenèvEscalade, eux, obtiennent de bons résultats au niveau suisse.  Cette année, Alma Sournia (U16) et Lena Schenkel (U18) ont l’intégré l’équipe nationale. L’escalade sportive vivra son baptême olympique aux Jeux de Tokyo cet été. Formés au club et désormais membre de l’équipe nationale, Sofia Yokoyama et Dylan Chuat n’ont pas réussi à se qualifier pour le Japon mais viseront un ticket pour Paris 2024. D’autres jeunes du canton pourraient suivre leur voie prochainement.

Sylvain Bolt

 

Photos © Allan Cosandier