Tanguy Nef, la tête et les jambes

  

Chasse gardée de ceux qui ont vu le jour au pied des pistes, le ski alpin ne sourit que (très) rarement au plus haut niveau à ceux qui sont nés en plaine, à l’écart de montagnes. Le slalomeur Tanguy Nef (24 ans le 19 novembre) est en train de montrer que l’on peut être Genevois et accéder à l’élite mondiale. Double mérite, le natif de Veyrier fait parler de lui en Coupe du Monde tout en poursuivant des études, lui qui, parti au Dartmouth College (New Hampshire) en 2016, est en phase finale de son bachelor en économie et informatique!

Certes, papa était instructeur de ski, cela aide. Tout comme les vacances passées chaque hiver à La Tzoumaz (les Mayens-de-Riddes). N’empêche que Tanguy, qui a disputé sa première compétition à l’âge de 8 ans, n’a pas hésité à « quitter le cocon familial », ainsi qu’il le dit, à l’âge de 14 ans pour intégrer le sport-études de Brigue. A 18 ans, suite à une double fracture de la jambe en descente, il opte pour un « plan B » de secours en décidant d’aller étudier aux Etats-Unis. « Un choix un peu osé », mais qu’il n’a jamais regretté, lui qui a reçu de la FIS en mars dernier le Prix Matteo-Baugmarten pour son double engagement universitaire et sportif.

       

   Après avoir fait ses premières armes en NorAm, Tanguy Nef débute en Coupe du Monde lors de l’hiver 2018/19, avec un 11e rang à Levi, suivi d’une 13e place à Zagreb, en slalom. Il confirme la saison dernière, en se classant 6e à Madonna et 8e à Wengen, alors qu’une élimination à Adelboden (4e de la 1ère manche) le prive peut-être de son premier podium. Revenu du Japon, en mars, l’admirateur déclaré de Bode Miller contracte le Covid-19! « Rien de compliqué, deux jours de fièvre, une toux grasse, c’est tout », confie-t-il. Le coronavirus sévissant aux Etats-Unis également, le membre du Team Genève  décide de demeurer en Suisse au lieu de retourner à Dartmouth.

   Tout en poursuivant son cursus universitaire on line (« J’ai entrepris de travailler ma thèse, je devrai encore faire un bloc sur place d’avril à juin 2021 »), le Genevois travaille d’arrache-pied. Physiquement d’abord, puis sur la neige dès juillet à Zermatt et en septembre à Saas-Fee. « J’ai eu tout l’été pour me préparer avec mes entraîneurs Matteo Joris, Thierry Meynet et Andrea Viano, j’ai pu donner un bon coup de reins, mettre les bouchées doubles en ayant plus de jours sur les skis que jamais. J’ai progressé, je suis désormais plus stable sur mes lattes », estime celui qui apprécie le surf, le VTT et la grimpe, outre les films de fantasy et la variété française.

        

 

Avec les mondiaux de Cortina en février, la saison qui s’ouvre va connaître un inévitable point d’orgue. « J’y pense, bien sûr, je rêve d’une médaille, mais il y a encore beaucoup d’incertitudes à ce sujet. Je vais déjà me concentrer sur la Coupe du Monde, avec comme premier rendez-vous  – après ma qualification pour le géant de Sölden – le parallèle de Lech/Zuerz en Autriche à la mi-novembre, puis le premier slalom à le 21 décembre à Alta Badia. « J’espère bien monter sur un podium, c’est tout-à-fait faisable. Je n’ai jamais stagné dans ma carrière jusqu’ici, ce n’est pas cet hiver que cela va commencer! », lance Tanguy Nef, assurément confiant.

 

C’est tout ce que l’on souhaite à ce garçon attachant, bien dans sa tête et qui n’est pas un ingrat, lui qui a déjà remboursé à son père une bonne partie de ce que celui-ci a dépensé pour favoriser sa carrière…

 

Site internet perso: tanguynef.com/fr/

Philippe Roch

  Photos © Team Genève sur internet