La lutte suisse veut refaire la fête à Genève

L’Association cantonale genevoise de lutte suisse aurait dû célébrer son centenaire en 2021, une année après l’organisation de la Fête romande qu’elle était censée organiser. Mais la pandémie est passée par là et ces perspectives réjouissantes ont été étouffées dans la sciure.

Au sein du club des lutteurs de Carouge, le seul présent dans le canton de Genève, la quinzaine de membres actifs et la dizaine de jeunes lutteurs ont remis la culotte et repris les passes (combats) en cette année importante. Car 2022 est synonyme de Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres, fin août à Pratteln dans la région de Bâle.

Mais aucun lutteur genevois ne devrait participer à ces «jeux nationaux» qui réunissent plus de 200’000 spectateurs tous les trois dans une région différente. «C’est un exploit de se qualifier en tant que Romand et surtout en tant que Genevois, rappelle Vincent Heiniger, président de l’association cantonale genevoise de lutte suisse. Nos meilleurs actifs deviennent gentiment âgés et nous déplorons quelques blessés de longue durée. Il faudrait donc un exploit pour être présents à Pratteln, car la concurrence est encore plus féroce en compétition lors d’une année de fédérale.»

Vincent Heiniger avait participé à la Fête fédérale de 2013 à Berthoud (BE) et Dieylani Pouye avait été l’unique représentant genevois à celle d’Estavayer (FR) en 2016. Aucun lutteur genevois n’avait réussi à être sélectionné pour celle de Zoug en 2019.  À plus long terme, Genève mise sur Jérôme Mermillod, l’un des prometteurs lutteurs qui a participé à la fête fédérale des espoirs en août passé. L’athlète de 18 ans mesure plus d’1m90 et plus de 90 kg. «Jérôme vient de passer chez les actifs et doit s’habituer à sa nouvelle catégorie mais il lutte depuis une dizaine d’années et est l’un de nos grands espoirs chez les actifs», se réjouit le président genevois.

La participation à l’évènement qui réunit les trois sports nationaux helvétiques (lutte suisse, lancer de la pierre d’Unspunnen et hornuss) permet de booster la pratique dans un coin de pays où ces sports ne sont pas aussi populaires qu’outre-Sarine. «Nous constatons des pics au niveau des arrivées après les fêtes, confirme Vincent Heiniger, qui s’est lui-même lancé dans la sciure après avoir suivi la fédérale de 2007 à la télévision. Mais Genève a énormément d’offres sportives, même dans ses villages plus reculés. À Fribourg ou dans le Gros-de-Vaud, il y a souvent qu’un club de football et un de lutte suisse. Nous avons davantage de concurrence.»

L’association cantonale genevoise de lutte suisse profite de démonstrations, notamment celles du 1er août, pour attirer de nouveaux pratiquants et se réjouit de compter deux lutteuses (une jeune et une active) dans son club de Carouge, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années. En 2023, Genève va se remettre à la fête, en organisant celle des jeunes romands. Histoire aussi que le canton fasse son retour lors de prochaines «fédérales».

Sylvain Bolt

 

Photos © Isabelle Lagier et AGDLS